Mon troisième enfant est né très grand prématuré, à 5 mois et 10 jours de grossesse. Cette épreuve est aujourd'hui passée, ma fille cadette, comme ses ainés, rayonne de vitalité.

Au-delà des prouesses inouïes de la médecine néonatale, je sais, pour l'avoir vécu et en renouveler chaque jour l'expérience, que l'amour et la joie de vivre sont indispensables aux bébés prématurés.

C'est pour cela que j'ai créé anatole.biz, la boutique des vêtements pour bébés prématurés et des cadeaux de naissance pour bébés en avance. C'est aussi la raison d'être de ce blog : donner aux parents des informations utiles pour partager avec leur bébé prématuré le bonheur d'être ensemble.

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spécialiste des vêtements pour bébés prématurés, je propose dans ce blog des informations utiles aux parents et proches de bébés nés en avance
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vendredi 8 janvier 2010

Il y a quelque temps j'ai été invitée par Orange à une journée de présentation du service de néonatalogie de l'hôpital de Villefranche sur Saône.

Pourquoi Orange ? Parce que cet opérateur de télécoms a élaboré un système simple, ajusté et appliqué à une révolution : au-dessus de chaque couveuse ou berceau, il y a une webcam qui permet à la maman hospitalisée dans un autre service, et aux proches choisis par les parents, de voir à distance leur bébé prématuré.

L'air de rien, ça change tout, quand on vient d'accoucher, de "voir" son enfant, même si c'est au travers d'un écran. Je me souviens des 5 plus longues heures de ma vie, qui ont commencé à l'instant où Elisa est née, emmenée dare-dare de l'autre côté de la porte où l'attendait une équipe de réanimation, et la merveilleuse première seconde où je l'ai enfin vue, vivante, si menue et épatante dans sa couveuse...

Lorsqu'elles découvrent ainsi leur enfant, les mamans sont accompagnées par un pédiatre ou une puéricultrice. Pas tant pour l'aspect navigation, qui consiste surtout à entrer sur un service sécurisé et à entrer un identifiant et un mot de passe, que pour expliquer comment va l'enfant et à quoi servent ces équipements qui l'entourent.

En fait, cette innovation n'est qu'un élément du grand bouleversement qu'a connu le service à l'occasion de sa réfection. L'équipe avait bien réfléchi pour bâtir le cahier des charges du nouveau service, et imaginé une grande salle centrale où seraient les enfants et autour de laquelle s'organiseraient les différents espaces techniques.

Dans le même temps (deux années, tout de même), les soignantes se sont sensibilisées puis formées au programme NIDCAP, une organisation des soins centrée sur l'enfant, toujours à l'écoute de ses rythmes et réactions, et privilégiant l'implication des parents.

Du coup... elles ont totalement changé d'idée, et le cahier des charges a été refait : au lieu d'une grande salle centrale, il allait falloir des chambres mère-enfant pour respecter l'intimité des familles.

Le rythme de travail a changé aussi, au lieu de travailler en 3 * 8 l'équipe s'est recalée sur des gardes de 12 heures, pour que le rythme des familles et des enfants soit le mieux respecté possible et pas haché par les changements d'équipes.

Les portes, les revêtements de sols, les chariots techniques... ont été choisis sur un critère hélas trop peu examiné : leur silence. En effet il ne s'agirait pas d'embêter des enfants qui dorment par des bruits intempestifs.

Les habituelles alarmes ne sont plus nécessaires auprès des couveuses et berceaux : elles sont renvoyées, avec l'image des bébés, au poste de surveillance où deux soignantes surveillent les bébés en permanence, et en toute discrétion. Elles repèrent ainsi le moment d'éveil pour pratiquer un soin et bien sur toutes les occasions où une intervention est nécessaire.


Les femmes qui travaillent dans ce service expliquent qu'elles ont du remettre en cause bien de leurs habitudes de travail, et de vie privée également à cause des changements de rythme. Elles disent avoir appréhendé ces changements et constater, quelques mois à peine après la mise en route du service réorganisé, que bien des choses se sont améliorées.

Les bébés vont mieux et s'il n'était pas encore possible de tirer des statistiques sur les durées d'hospitalisation, elles constataient, premières étonnées, que les cas d'anorexie, si fréquentes chez les enfants prématurés, avaient totalement disparu. Elles disaient avoir affaire à des mères beaucoup plus sereines, et engager avec elles des relations beaucoup plus humaines, du simple fait de se parler assises, et dans les chambres plutôt que dans des endroits de passage. Elles constataient aussi qu'entre elles, il y avait beaucoup moins de tensions et qu'elles avaient plus de plaisir à travailler.

Lors d'une discussion avec le chef de service, je lui demandai si le système de webcam ne transmettait qu'une image sans son, et sans retour. Il m'a demandé ce qui motivait ma question et si je pensais à une application précise. Quand je lui ai dit que les bébés aimeraient surement entendre la voix de leur mère, que les mamans aimeraient probablement beaucoup avoir un échange avec leur enfant, les bercer d'une chanson ou leur susurrer des mots doux malgré la distance, il a fait un petit sourire et m'a révélé que cela faisait partie d'une deuxième tranche qu'il n'avait pas encore révélée à Orange.

Lors de cette visite j'ai moi aussi respecté l'intimité des bébés et de leurs familles et n'ai pas voulu les photographier. Mais juste en partant, j'ai vu sur le bureau des soignantes, juste à côté des écrans, une boite à fiches, qui révélait que cette transformation, bien plus qu'architecturale et organisationnelle, imprégnait l'état d'esprit de l'équipe.

Villefranche sur Saône est un bel endroit pour naître, même en avance.

1 commentaires:

LouMaloé a dit…

Je confirme pour y avoir passé un mois avec ma puce, née à 35s, que c'est un service exceptionnel avec du personnel tout aussi exceptionnel, qui vous fait oublier que votre enfant est né prématurément...